Programme

Matinée : de 11h à 13h

- Marjorie Musy & Géraldine Molina - Introduction de la journée : Vers une interdisciplinarité radicale autour des questions énergétiques

- Jean-Philippe Fouquet & Christelle Assegond  (ETIcS) : Tertiaire et MDE :une lecture sociologique autour de la réception d’innovations techniques

Notre communication porte sur un exemple singulier de mise en œuvre très poussée de solutions MDE dans un bâtiment tertiaire. La recherche s’intéresse à la manière dont les salariés se représentent et pratiquent un bâtiment Haute Performance Energétique dans le cadre de leur activité professionnelle. L’analyse des discours met en évidence des perceptions contrastées. Les salariés s’estiment satisfaits de leur nouveau siège et manifestent une adhésion de principe au recours à des technologies innovantes. Toutefois, ils pointent un ensemble de petits désagréments et de contrariétés à analyser comme autant d’indices de la difficulté à s’adapter au quotidien aux contraintes spatiales et sociales induites par les logiques de sobriété énergétique et aux outils de pilotage qui permettent la maîtrise de la demande énergétique. Adhésion, rejet ou simplement interrogation autour de solutions techniques, cette recherche traite du rapport à la technique et de la place que le concepteur du système accorde à chacun des acteurs. Les enjeux sont là. Le salarié, simple utilisateur ou élément central du dispositif technique ?

- Gaëtan Brisepierre, (Bureau d'Etudes Sociologiques GBS) : Pratiques de consommation d’énergie dans les BBC pionniers : vers une performance énergétique in vivo ?

Les premières campagnes de mesure réalisées sur des bâtiments neufs de type « basse consommation » ou supérieur font apparaitre des écarts entre les performances prévues et les consommations réelles. L’étude sociologique qui sera présenté cherche à éclairer ce constat en confrontant le projet des concepteurs aux pratiques des occupants et aux modes de gouvernance des bâtiments. Elle s’appuie sur une enquête de terrain auprès des usagers et des professionnels de trois bâtiments pionniers de la performance énergétique (immeuble BBC, maisons individuelles passives, tertiaire BEPOS). En analysant les conditions de production de ces bâtiments, nous commencerons par montrer que la performance réelle se joue dès les premières étapes du bâtiment et ne repose donc pas seulement sur le « comportement » de l’usager. Ensuite, nous présenterons la diversité des profils d’occupants des BBC pionniers dont l’attitude est plus ou moins favorable à l’atteinte des objectifs de performance. Puis, nous étudierons en détails les usages de l’énergie par les occupants qui ne suivent jamais à la lettre les prescriptions des concepteurs, mais inventent des tactiques qui font un compromis entre leurs besoins et les objectifs énergétiques.  Enfin, nous verrons que la performance in vivo dépend principalement de la forme des interactions sociales entre les occupants et les professionnels   : accompagnement à l’entrée dans les lieux, négociation des conditions de confort, participation à la maintenance des équipements, développement d’une réflexivité énergétique…

- Hélène Subrémon (Anthropologue, LATTS) : L'efficacité énergétique par le social

Cette communication a pour objet de rendre compte de voies de recherche alternatives à une lecture exclusivement technique et économique du potentiel d'économies d'énergie dans le résidentiel.
Elle se fera en deux temps:
- une brève introduction du champ de l'anthropologie de l'énergie,
- l'exposé des principaux résultats d'une recherche récente sur la vulnérabilité énergétique. En prenant appui sur les travaux de Florence Weber, ce projet a mis en évidence les ressources non financières des familles modestes pour améliorer leurs conditions d'habitat; ressources qui pourraient bien constituées (si elles sont prises au sérieux) une opportunité pour les politiques publiques.
 
- Sophie Buessler (architecte & géographe (LIVE)), Christiane Weber (LIVE) : Prise en compte des usagers pour déterminer le potentiel de développement du réseau de chaleur urbain (RCU) utilisant des EnR&R.

L’un des moyens d’atteindre les objectifs des 20% d’énergies renouvelables d’ici 2020 consiste à faire évoluer les anciens réseaux de chaleur urbain (RCU) et en  créer de nouveaux. Or, le potentiel de développement du RCU utilisant des énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) ne dépend pas uniquement des potentiels de gisements de chaleur tels que la biomasse, la géothermie, le solaire, etc. Le système RCU fait intervenir six composants essentiels : les gisements, les usagers, les usages, les bâtiments, les centrales de production de chaleur et les réseaux. Chaque composant doit être approché dans sa globalité en tenant compte des dimensions sociale, économique, technologique et politique. Le RCU peut se développer uniquement si tous ces composants sont compatibles entre eux.

Notre communication expliquera comment s’intègre le « composant » usager dans le schéma systémique conceptuel des RCU. Après avoir évoqué les différents enjeux et verrous ainsi que les contraintes des usagers (cycle de vie, CSP, copropriétés, etc.), nous analyserons les leviers d’action qui agissent sur ce composant. Nous évoquerons les logiques des jeux d’acteurs à l’échelle de la gouvernance locale.

Après-midi : de 14h30 à 16h

- Jean-Pierre Lévy, Amélie Flamand, Nadine Roudil & Margot Pellegrino (LAVUE & CSTB) :  La « boite noire » des comportements énergétiques domestiques : une étude qualitative et quantitative en Ile de France. (ANR ENERGIHAB)

Les comportements énergétiques des ménages demeurent une « boite noire », dont on ne sait pas à quel type d’usage ou de mode de vie ils renvoient et, à fortiori, sur quoi repose la mesure de leur contribution aux intensités des consommations énergétiques domestiques. Dans un premier temps nous avons effectué une approche nationale (basée sur les enquêtes logements) afin d’identifier des types de consommateurs énergétiques et les facteurs intervenant sur les variations de consommations. Nous avons ensuite prolongé cette étude, à partir des données d’une enquête portant sur les modes de vie énergétiques de 1950 ménages franciliens  et de 60 entretiens semi-directifs. En intégrant des approches qualitatives et quantitatives, et en utilisant la modélisation statistique, ce projet de recherche parvient à identifier les facteurs principaux qui déterminent la flexibilité temporelle des consommations énergétiques domestiques et les comportements d’adaptation mis en place par les ménages enquêtés.


- Nadine Roudil (CSTB) & Amélie Flamand (LAVUE) : La consommation d’énergie à l’épreuve des pratiques et savoirs d’usage des habitants

Dans cette communication nous interrogerons les dynamiques de consommation d’énergie en mettant au centre de notre analyse la mobilisation des savoirs d’usage des habitants.

Nous partons du postulat que les rapports des habitants à l’énergie s’élaborent au croisement du système complexe de l’habiter qui comprend les usages et pratiques au sein de l’espace domestique, les habitus, les modèles culturels hérités et des logiques structurantes que sont la contrainte économique, les normes de confort et la relation à l’environnement technique et technologique au domicile. De telle sorte que les pratiques énergétiques des habitants rendent nécessaire l’élaboration et le déploiement de savoirs.

Dans ce contexte, l’enjeu est pour nous de saisir et de décortiquer les mécanismes et modalités d’expression de ces savoirs d’usage tels que construits et mobilisés par les habitants. Nous émettons l’hypothèse de la construction d’un espace de compétences se situant au carrefour d’une volonté de légitimation des savoirs à l’œuvre dans la sphère intime du domicile (soulignant la volonté des habitants de garder la main sur leur environnement privé), à mettre en perspective avec une défiance à l’égard de messages institutionnels, des espaces de consommations, des politiques et du savoir expert incitant à la sobriété (domaines entrainant une dépossession symbolique du rapport des habitants à l’environnement et à l’énergie).

Pour ce faire, nous nous appuierons sur les résultats du volet qualitatif de notre recherche ANR "La consommation énergétique : de la résidence à la ville. Aspects sociaux, techniques et économiques". Cette recherche met en œuvre une méthode complexe et expérimentale qui associe outils qualitatifs (60 entretiens, carnets de bord), quantitatifs (questionnaire) et techniques (relevé des consommations énergétiques par capteurs), et mobilise une équipe pluridisciplinaire.

- Margot Pellegrino (LEESU-GU, UPEMLV) : L’étude du confort thermique et des comportements d’adaptation à retombée énergétique : un terrain de rencontre fertile entre SPI et SHS.

La consommation énergétique est fortement associée aux modes de vie des usagers. En cela elle ne peut être réduite à des mesures techno centrées sur le bâtiment, mesures indispensables mais insuffisantes. A travers la présentation des résultats de deux recherches, on montrera comment l’étude transdisciplinaire du confort thermique et des comportements d’adaptation peut faire progresser la connaissance des processus de consommation énergétique.

16h : Synthèse et perspectives - Discussions
 

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